
Expériences à vivre
Publié le 11.11.2025

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Par une journée de novembre, ticket piéton en main, nous nous apprêtons à découvrir Glacier 3000. La promesse d'un monde à part, suspendu entre la fin de l'automne et le début de l'hiver. Tous les ans, dès début novembre, les skieurs se pressent aux portes du domaine skiable, qui vient de rouvrir après les révisions annuelles. Et cette année, la neige est d'ores et déjà au rendez-vous !
L'aventure commence bien avant d'arriver au sommet. Nous sommes aujourd’hui montées en voiture, mais l’accès en transports publics est très facile depuis le coeur du village des Diablerets : plusieurs bus passent chaque jour sur la ligne en direction de Gstaad, et des navettes supplémentaires sont mises en place durant la saison hivernale. Il est aussi possible de venir directement depuis Aigle, en plaine, en montant à bord du train ASD (Aigle-Sépey-Diablerets) qui chemine jusqu’au village en cinquante minutes, le long d’un tracé époustouflant.
Au col du Pillon, nous laissons notre véhicule sur le parking à proximité immédiate et prenons nos billets pour embarquer dans le téléphérique panoramique, au milieu du flot de skieurs. En quelques minutes, le décor se transforme : les prairies verdoyantes s'effacent pour laisser place à la roche brute, puis aux neiges éternelles. La cabine s'élève à près de 3’000 mètres d'altitude, en deux sections, avec un changement à la station intermédiaire. D’ici, la Cabane des Diablerets est facilement accessible en contrebas, en quelques minutes, mais encore fermée jusqu’à fin décembre. La montée en elle-même est un spectacle, dévoilant la station sommitale et la promesse de ce qui nous attend là-haut.

Au départ de la deuxième section de la télécabine, direction le Scex Rouge © Leona Kovacevic
En sortant du téléphérique, nous quittons les skieurs : alors qu’ils se précipitent pour s’élancer sur les pistes de ski du haut du Scex Rouge, nous gravissons la station d’arrivée et le bloc de roche sur lequel elle semble tenir en équilibre. Nous passons les restaurants et la terrasse panoramique, direction la célèbre passerelle suspendue. Après avoir gravi des dizaines de marches, nous atteignons une petite plateforme : le souffle se coupe face au paysage grandiose. Devant nous, un ballet de géants alpins. Du Mont-Blanc au Cervin, en passant par la Jungfrau, ce sont 24 sommets de plus de 4’000 mètres qui se dressent fièrement, dans toutes les directions. Par temps clair, on aperçoit même, au-delà du Lac Léman, les sommets — Suchet, Mont d’Or, Aiguilles de Baulmes — qui marquent la frontière avec la France voisine. On se sent à la fois humble et infiniment privilégié face à une vue aussi grandiose.

Depuis le Peak Walk by Tissot, le panorama est grandiose © Leona Kovacevic
C'est l'attraction phare, et on comprend vite pourquoi. Ce pont suspendu, unique en son genre, relie deux sommets entre eux. S'avancer sur cette passerelle, c'est littéralement faire un pas dans le vide et ressentir un mélange de peur et d'émerveillement. Au bout du passage métallique de 107 mètres, inauguré en 2014, une montre Tissot est incrustée dans la pierre au centre d’une plateforme d'observation. Celle-ci offre un point de vue spectaculaire, surplombant le village des Diablerets et la vallée des Ormonts ainsi que les sommets environnants. L’expérience est singulière, dans un cadre enchanteur et exceptionnellement accessible. Un moment fort, une photo iconique, et un souvenir gravé à jamais.

Le Peak Walk by Tissot, plus haut pont suspendu au monde © Leona Kovacevic
En redescendant de notre point d’observation, nous apercevons une grande partie du domaine skiable, dont l’ouverture chaque année au début du mois de novembre comble les plus impatients. La neige n’est pas encore tombée assez bas pour que les pistes les plus emblématiques puissent accueillir les skieurs ; c’est donc seulement la partie accessible et adaptée à tous les niveaux, sur le haut du glacier, qui est ouverte pour le moment. Néanmoins, nous imaginons facilement le domaine se remplir dès l’ouverture de la Combe d’Audon — célèbre piste noire qui dévale l’autre versant de l’Oldenhorn — de la Red Run — qui permet la liaison avec la Cabane des Diablerets — ou encore du Black Wall, accessible grâce à un tunnel qui débouche sur un flanc de montagne incliné à 46° et permettant un retour au col du Pillon. La plus raide au monde !
En allant prendre le télésiège qui nous emmènera sur le plat du glacier et au départ de notre prochaine activité, nous devinons les installations de l’Alpine Coaster, qui sont déjà bien ensevelies sous la neige. Cette luge sur rails, ouverte pendant la saison estivale, est la plus haute du monde ! Glacier 3000 s’alloue plusieurs records avec ses activités à haute altitude. Avec son looping au départ, la luge dévale le bord de la falaise en plusieurs virages étourdissants et peut embarquer deux passagers, pour une aventure partagée.
Arrivées au pied du télésiège Ice Express, inclus avec notre forfait, nous faisons quelques pas le long d’une piste sécurisée pour les piétons et croisons un accès de retour pour les sportifs de glisse avant de continuer jusqu’au col, qui s’est ouvert à l’été 2022. Se tenir au plus près du pied de l’Oldenhorn, point de jonction entre les cantons du Valais et de Vaud et Berne, nous impressionne ; il est majestueusement dressé, bordé par des falaises de roche où les coulées sont fréquentes, et il paraît immense. Pourtant, du haut de ses 3’123 mètres d’altitude, il n’est pas le point culminant du Glacier 3000 : il s’agit du sommet des Diablerets, plus loin en face, en direction des Dents du Midi ; qui surplombe la vallée à 3’210 mètres. Mais nous sommes surtout venues pour une activité très prisée : la balade avec les chiens de traîneau.
Le moment avec les huskies est soumis à beaucoup de conditions : météorologiques bien sûr, mais également en fonction de leur bien-être. En effet, la chaleur, la quantité de personnes et la qualité de la neige sont autant de facteurs qui peuvent influencer sur leur journée de travail. La musheuse leur fait prendre une pause, mais ils semblent en pleine forme : ils reviennent de vacances, et sont plus motivés que jamais à vivre une belle saison. Pour l’hiver 2025-2026, ce sont deux nouveaux tours qui sont proposés en plus de l’offre habituelle ; à différents moments de la journée et pour différentes boucles, de 300 mètres à 6 kilomètres. Les caresses et les photos avec les huskies sont le point d’orgue de l’activité, et on comprend que chacun a sa personnalité ; la musheuse veille à ce que les plus timides ne soient pas dérangés. Et les autres aussi, surtout pendant leur sieste. Quant à nous, il nous reste un peu de marche.
Nous avons opté pour une randonnée alpine sur le sentier sécurisé du Glacier Walk, pour nous imprégner de l'atmosphère unique de ce pays de glace et de neige. Le ticket piéton nous donne accès à cette promenade gratuitement en plus de la traversée sur le Peak Walk by Tissot. L’itinéraire traverse le glacier d’un bout à l’autre ; il nous faudra près d’une heure, avec un bon rythme et après quelques croisements avec les pistes de ski, pour atteindre le versant valaisan. De là, une nouvelle vue vertigineuse se dévoile sur le village de Derborence, menacé par la Quille Saint-Martin — la fameuse Quille du Diable — au pied de laquelle nous nous trouvons. Plus loin, le sentier continue en direction de la Cabane de Prarochet et, en été, la balade jusqu’au lac du Sanetsch est une promenade à ne pas manquer pour les plus expérimentés. Nous faisons demi-tour, en espérant que le Refuge de l’Espace sera ouvert à notre prochain passage et que nous pourrons profiter d’une pause bien méritée, avec leur terrasse suspendue au-dessus du vide et leur cuisine locale.

Les vues sur le glacier et ses falaises le long du Glacier Walk sont vertigineuses © Camille Hue
Alors que nous rejoignons la station du Scex Rouge, des éclats de couleur attirent notre oeil : des parapentistes se préparent au décollage. Ils s’envolent depuis le bord de la paroi rocheuse, pour se jeter dans le vide au-dessus du plateau de Pierredar, loin en contrebas. La manœuvre est impressionnante et nous arrache un frisson : l’activité est vertigineuse ! L’un des professionnels passionnés nous indique que le vol en parapente au départ du Glacier 3000 peut avoir lieu toute l’année. L’idée de survoler ainsi les Alpes Vaudoises et constater leur immensité depuis les airs est séduisante ; mais il faut commencer par sauter !
Une journée à Glacier 3000, c'est bien plus qu'une simple excursion en montagne. C'est une déconnexion totale, une expérience sensorielle puissante qui rappelle la force et la beauté de la nature. On en redescend avec des images plein la tête, les poumons gorgés d’air frais, le sentiment d'avoir vécu quelque chose d'unique et une seule envie : partager cette expérience inoubliable. La prochaine fois nous y retournerons pour skier !


